Tant qu’il fait jour
J’avais envie d’oublier que je partais, mais plus je lançais le boomerang de toutes mes forces, plus il me revenait vite. Les contrées désolées ou splendides de ma nouvelle vie me sont apparues dans une tension amère. Peut-être que c’est mieux, peut-être que c’est plus grand. J’ai du mal à voir le soleil dans ce nouvel appartement, du mal à espérer. Le changement me serre dans son étau. Peut-être que je n’ai pas tant envie de fermer cette porte de l’extérieur. Trop tard, encore.
Elle pleure son marin
Son marin n´est pas le sien
Elle dit que les vagues sont folles
Elle dit que les vagues sont folles
Quand elle chante le fado
Son chant est un oiseau
Un oiseau qui s´envole
Un oiseau qui s´envole
Sao loucas, sao loucas
Sao loucas, sao loucas
L’air est doux, ses yeux sont verts. J’essaie d’oublier le mot trouvé sur le comptoir, dont il n’a pas reconnu l’écriture, dont j’ai reconnu la signature. S’il le faut, j’essaierai d’oublier son rire gêné, son odeur, la vue de son appartement au petit matin. J’essaie d’oublier son regard en partant, qu’il ne doit rien comprendre à mon attitude, pas plus que moi à la sienne.
L´oiseau emporte une prière
Vers une bouteille à la mer
Son adresse c´est le grand large
Son adresse c´est le grand large
Da rua da riguera
Au coeur d´Alfama
On dit que la vieille est barge
On dit que la vieille est barge
Sao loucas, sao loucas
Sao loucas, sao loucas
Mais dès qu´elle porte le châle
Le silence s´installe
On écoute ses paroles
On écoute ses paroles
Elle pose sur ses reins
Les lignes de ses mains
Qui se remplissent d´alcool
Qui se remplissent d´alcool
Sao loucas, sao loucas
Sao loucas, sao loucas
Alors elle ferme les yeux
Elle est seule devant Dieu
Elle n´a peur de personne
Elle n´a peur de personne
E dez que ela fecha os olhos
Sozinha em frente de deus
A dizer que elas sao loucas
A dizer que elas sao loucas
Sao loucas, sao loucas
Sao loucas, sao loucas
Tant qu’il fait jour, tant que j’y suis, je vais voir la mer et l’objet de mon tracas. Il n’y a plus guère que les goélands pour glisser sur le vent, au mépris de tout ce qu’il porte. Plutôt que de continuer à côté, le regard en arrière, mieux vaut tourner la page. Quand la nuit tombe je m’éloigne, les mains dans les poches.
Elle donne son chagrin
Son chagrin n´est plus le sien
C´est celui de Lisbonne
C´est celui de Lisbonne
Où des femmes portent le noir
Et dans les caisses des guitares
E a saudade qui résonne
E a saudade qui résonne
Sao loucas, sao loucas
Sao loucas, sao loucas